Sévère Rivard, avocat, homme politique et homme d’affaires, il a été maire de Montréal de 1879 à 1881.
Il est né à Yamachiche, Bas-Canada, le 7 août 1834, fils d’Augustin Rivard-Laglanderie
et de Marguerite Rivard-Dufresne ; le 1er août 1863, il épousa, à Montréal, Delphine Choquette , il décéda dans cette ville le 4 février 1888.
Descendant de Nicolas Rivard, dit Lavigne, qui s’était établi dans la région de Batiscan au xviie siècle, Sévère Rivard appartenait à l’une des plus anciennes familles du pays. Après des études au séminaire de Nicolet, de 1848 à 1856, il étudia le droit à Montréal sous la direction de Toussaint-Antoine-Rodolphe Laflamme et d’Edmund Barnard,
et il fut admis au Barreau du Bas-Canada en 1859.
Il s’associa alors à son confrère Benjamin-Antoine Testard de Montigny et ouvrit une étude rue Saint-Vincent, à Montréal. Rivard commença d’abord à se faire connaître en 1867, année au cours de laquelle il devint secrétaire, aux côtés de Joseph, d’un comité de dix citoyens mis sur pied pour recueillir les sommes nécessaires à l’envoi de contingents de zouaves canadiens à Rome pour y défendre la papauté menacée [V. Ignace Bourget]. Son rôle lui mérita de Pie IX en 1874 la distinction de chevalier.
Comme la plupart des zouaves canadiens, il se révélait un ultramontain convaincu ; il participa d’ailleurs à l’une des réunions préparatoires à la rédaction du Programme catholique en 1871 [V. François-Xavier-Anselme Trudel].
Membre de plus en plus influent de la bourgeoisie montréalaise, Rivard se bâtit une grosse fortune avec Ferdinand David, Gustave-Adolphe Drolet et l’architecte Michel Laurent en achetant des terrains, au début des années 1870, dans la partie nord de la ville, et en les revendant en lots à construire.
De concert avec ses associés, il offrit gratuitement à Mgr Bourget, en juin 1872, le terrain sur lequel on érigerait une église dans le village de Saint-Jean-Baptiste (maintenant partie de Montréal). Il s’engagea également dans diverses entreprises comme une fabrique de laine à Yamachiche, en 1870, et le commerce d’orgues à Montréal, en 1878. Il fit partie aussi d’au moins trois syndicats financiers qui tentèrent, de juin 1877 à 1881, d’obtenir la mainmise sur le chemin de fer de Québec, Montréal, Ottawa et Occidental.
Il se rendit à l’Exposition universelle de Paris en 1878 avec son ami Drolet, alors délégué du Canada, et tous deux étudièrent les moyens de développer les relations commerciales entre le Canada et l’Europe. En 1883, Rivard participa avec Andrew Allan, Alexander Walker Ogilvie, Louis-Adélard Senécal et Joseph-Rosaire Thibaudeau, entre autres, à la formation de la Citizens’ Gas Company of Montréal, dont le capital souscrit s’élevait à $1000 000.
Rivard fit son entrée sur la scène municipale de Montréal dès 1870 en se faisant élire conseiller du quartier Saint-Jacques. Il battit à cette occasion son adversaire, William Crevier, par plus de 200 voix.
Une majorité de 77 voix sur Auguste Robert lui permit encore, en 1873, de représenter les citoyens au conseil. Il s’intéressa surtout aux problèmes du comité de l’éclairage, dont il fut président dès 1871, et à la construction d’un nouvel hôtel de ville, dont il surveilla les travaux en tant que membre d’un comité spécial créé à cette fin. Tout au cours de son séjour au conseil, Rivard fut reconnu comme un adversaire du maire Jean-Louis Beaudry.
C’est d’ailleurs ce dernier, que l’on croyait invincible, que Rivard évinça de la mairie aux élections de 1879. Il le battit par 290 voix de majorité, grâce surtout à un appui massif des quartiers Saint-Antoine et Sainte-Marie (le premier à majorité anglophone et le second, francophone), et malgré un faible appui du quartier Saint-Jacques, qu’il avait toujours représenté.
En 1880, il fut réélu sans opposition à la mairie. Son mandat se caractérisa surtout par des efforts soutenus pour assainir les finances municipales, après une décennie marquée par de grands projets, comme le drainage, l’aménagement du parc du Mont-Royal et la construction de l’hôtel de ville.
Tout en continuant les travaux d’aqueduc et de drainage, il réussit à réduire la dette municipale de $12 000 000, surtout en faisant passer les recettes de $600 000 à $1 500 000.
De 1879 à 1881, Rivard remplit, parallèlement à ses fonctions de maire, celles de commissaire du port de Montréal.
Membre de la Commission des écoles catholiques de Montréal, du16 août 1870 au 29 novembre 1877.
Rivard devint marguillier de la paroisse Notre-Dame le 11 décembre 1881, pour un mandat de trois ans. Il représenta également, à compter d’octobre 1886, la division d’Alma au Conseil législatif, en remplacement de son adversaire de longue date, Jean-Louis Beaudry, décédé depuis peu.
En 1887, il occupa le poste, surtout honorifique, de trésorier du parti conservateur pour la région de Montréal.
Il mourut dans cette ville le 4 février 1888 après avoir souffert de paralysie et y fut inhumé le 8 suivant.
Il laissa une fortune considérable, comprenant, entre autres, une maison située au coin des rues Sherbrooke et Saint-Denis, pour laquelle on demandait à l’époque $15 000.
Marcel Caya , dictionnaire biographique du Canada
Bibliographie générale
© 1982–2016 Université Laval/University of Toronto
AC, Montréal, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 8 févr. 1888.
— ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 1er août 1863.
— APC, MG 30, D1, 26.— ASN, AP-G, J.-A.-I. Douville, Succession, II : 31 ; AP-G, M.-G. Proulx, V : 20.
— AVM, Doc. administratifs, Procès-verbaux du conseil municipal, 1870–1873.
— La Minerve, 6 févr. 1888.
— CPC, 1887 : 239.
— G. Turcotte, Le Conseil législatif de Québec.
— Histoire de la corporation de la cité de Montréal depuis son origine jusqu’à nos jours […], J.-C. Lamothe et al., édit. (Montréal, 1903).
— Rumilly, Hist. de Montréal, III : 27, 41, 135s.
— Ovila Lefebvre, « M. Sévère Rivard », La Patrie, 11 juin 1950 : 75.
— Léon Trépanier, « Figures de maires », Cahiers des Dix, 21 (1956) : 179–199.